Les plantes pour retenir la terre sur un talus

Comment prévenir le ruissellement sur les terrains en pente et limiter l’érosion des sols? En ce moment avec le temps pluvieux, plusieurs difficultés au jardin surgissent et notamment le ruissellement qui emporte la terre sur les terrains en pente et peut aller jusqu'à créer un glissement de terrain et fragiliser les habitations. Pourtant, il existe des plantes en Martinique capables de stabiliser un talus.

Les plantes sont-elles la meilleure solution contre l’érosion des sols?

Toutes les plantes vont potentiellement avoir un rôle en retenant la terre grâce à leur système racinaire, d’où l’importance de végétaliser son terrain; mais certaines plantes seront plus efficaces en raison des caractéristiques de leur système racinaire. Et d'autres seront au contraire contre-productive comme certaines plantes invasives (EEE) comme le bambou ou le miconia qui ont au contraire tendance à favoriser l'érosion des sols. Dans tous les cas, sachez que mettre des plants pour retenir la terre sera toujours moins coûteux que de monter un mur!

De plus, un muret ou une retenue en bois vont « travailler » avec le temps, alors que les plantes vont efficacement fixer la terre avec parfois jusqu’à plusieurs mètres carrés de racines par plant, une véritable toile sous-terrainne qui va consolider le sol! Il faut juste anticiper et laisser le temps aux plantes de développer leurs racines.

Dès lors, pourquoi ne pas privilégier le génie végétal au génie civil pour stabiliser les sols.

Le génie végétal regroupe un ensemble de techniques d’ingénierie fondées sur l’imitation de la nature. Un ouvrage relève du génie végétal lorsque la végétation y assure une fonction structurelle (stabilité, ancrage) et n’est pas seulement un atout esthétique ou paysager. En fait, les plantes remplacent littéralement les matériaux de construction utilisés par le génie civil!

Elles sont principalement utilisées de deux manières pour limiter l’érosion et fixer les talus: comme une barrière physique à l’écoulement d’eau, qui va ralentir le débit et capturer les sédiments, et pour leurs racines qui vont maintenir physiquement le sol et favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol plutôt que son ruissellement.

Les ouvrages de génie végétal sont encore peu nombreux aux Antilles (source: magazine Sciences Eaux & Territoires, hors-série 2021). Il y a eu par exemple une expérimentation à la caravelle pour lutter contre l’érosion d’un versant décapé du Parc Naturel régional, ou encore dans une bananeraie au Robert pour retenir le sol malgré les ravines.

Le vétiver, la plante star pour retenir un terrain en pente?

Alors oui, le Vetiver est la plante idéale pour ça grâce à son système racinaire très vigoureux qui peut s’enfoncer jusqu’à 3m de profondeur dans le sol seulement deux ans après sa plantation. Une étude scientifique a même évalué la résistance à la traction des racines de vétiver à un tiers de celle de l’acier! En plus, elle a été largement étudiée de par le monde et est aujourd’hui LA plante de référence, à tel point que dans notre région de la Caraïbe Trinidad a misé sur la plantation de 160 000 plants pour lutter contre les glissements de terrain et améliorer la production agricole.

De plus, il est possible de développer l’artisanat autour du Vetyver, notamment le tissage des feuilles qui ne nécessitent pas la récolte des racines comme c’est le cas en parfumerie. En Haïti, la récolte du vétiver pour ce secteur d’activité entraîne malheureusement une érosion des sols et des pertes de rendement colossales sur les exploitations agricoles.

En Martinique, une expérimentation Dephy dans le cadre du programme gouvernemental Ecophyto a permis de déterminer avec précision l’espacement des lignes de vétiver en fonction du % de la pente. Les pieds sont espacés de 10 à 15cm. Téléchargez le document de synthèse en cliquant sur ce lien.

Au fait, le vétiver peut vivre plus de 50 ans, de quoi être tranquille un long moment!

Les autres plantes qui limitent l’érosion en Martinique

Les dracaena dans les ravines

Les dracaena et le yucca éléphant ont été utilisés avec succès dans l’expérimentation sur la bananeraie au Robert. Draceana massangeana (coco makak) est résistant et solidement ancré au sol par un système racinaire plongeant. Il était jadis utilisé lors de bornage de terrains. Les piquets étaient plantés pour matérialiser les limites de propriété. Draceana fragans (dracaena) qui est un hydride introduit par les horticulteurs est une varité bicolore aujourd’hui très prisée des professionnels de l’art floral qui valorisent son feuillage pour la réalisation de compositions florales. Les Cordylines ont les mêmes propriété pour stabiliser les sols, mais elles sont plus coûteuses.

Dans le lit d’une ravine, un cordon de boutures de Dracaena, va permettre de créer un point d’ancrage et d’appui résistant à la vitesse de l’eau et de stabiliser le sol par les racines. Attention, les ravines sont un stade avancé du ruissellement de l’eau de pluie et il est largement préférable d’agir en amont de leur formation.

Les palmiers

Il est possible également de planter des palmiers, et notamment des multipliants qui sont efficaces pour retenir les talus en martinique. Il se taille vers 6-7m de haut et il faut penser à enlever les rejets.

Les plantes à racines traçantes

Ce ne sont pas les premières auxquelles on pense et pourtant: ce sont bien les patates bord de mer et le pois bord de mer qui retiennent efficacement le sable sur nos plages en Martinique! Pour retenir la terre, les plantes aux racines traçantes, c’est à dire qui courent juste sous la surface du sol, à l’horizontale, sont très intéressantes. Dans la même catégorie, nous avons le wedelia, qui fait de jolies fleurs jaunes.

Les haies bocagères

Les haies sont une excellente pratique qui limite l'érosion des sols. Dans l’objectif de limiter le ruissellement, on conseille de planter sur deux lignes espacées d’1m à 1m50, en quinconce: les plants situés en contrebas, au milieu des premiers et ainsi de suite.

Cette technique forme un mur végétal qui retient l’eau, réduisant sa vitesse d’écoulement. Elle limite l’érosion en retenant les sédiments et favorise l’infiltration de l’eau. C’est une technique qui est utilisée pour protéger les cultures, mais qui peut tout à fait être utilisée pour un talus chez un particulier.

Les jardiniers-pépiniéristes de la pépinière des Trois Ilets vous attendent pour des conseils de plantation et d'entretien de votre jardin en Martinique ! Tél: 0596 68 61 59